What's going on? || PV Caelan

Avec force, mon dos se plaqua contre la porte de chambre. Loin de trouver ça désagréable, un son de contentement franchit mes lèvres. Son corps ferme et chaud se serra au mien, m'écrasant de tout son poids. Son coeur battait avec frénésie. Un son aussi agréable que tentateur. Alors que ses baisers se perdirent au creux de mon cou, je pouvais sentir ses mains empoigner mes cuisses pour me soulever au niveau de ses hanches. Le désir. La passion. Ces deux sentiments emportaient tout sur leur passage. Ces deux sentiments ébranlèrent ma raison et rapidement, j'oubliais le pourquoi j'étais là. Très rapidement, j'oubliais qu'il n'était rien de plus qu'une mission. Trop de sensations. Ces frissons qui dégoulinaient le long de ma colonne vertébrale avait le don de me perturber. C'était donc naturellement que mes jambes s'enroulèrent autour de lui alors que nos lèvres se scellèrent une nouvelle fois pour une danse enflammée. Il était chaud. Il était vivant. Il était humain. Son palpitant résonnait contre sa cage thoracique. Une mélodie rythmée qui me faisait perdre pieds. La soif me gagnait. La soif commençait à me consumer de l'intérieur. Bien consciente de ne pas résister longtemps à l'envie de croquer sa jugulaire, je le repoussais vivement.

De nouveau perchée sur mes hauts talons, j'éprouvais le besoin de respirer, de retrouver mon calme. Ce qui n'était pas le cas de l'homme en face de moi. Ses grands yeux chocolats pétillèrent. L'éclat du prédateur animait son regard. S'approchant, il retira la ceinture de son pantalon et je commençais sérieusement à paniquer. La mission allait trop loin. La situation allait trop loin. Je devais le charmer et obtenir des informations. Je ne devais pas coucher avec lui. Je n'étais pas censée devenir une chose entre ses mains. Je n'aurais pas du me laisser submerger par cette déferlante de désir qui m'avait envahit. Alors qu'il attrapait mes mains pour les attacher à l'aide de la ceinture, j'émis une protestation. Je n'étais censée être qu'une humaine un peu trop allumeuse et non une hybride paniquée qui lui aurait volontiers fracassé le crâne pour se maintenir loin de toute débauche. Mais il ne sembla pas m'écouter et ces sous mes yeux stupéfaits qu'il se recula de quelques pas. Ce ne fut que lorsqu'il s'arrêta au niveau de mon sac à main que je commençais à comprendre. Ce ne fut que lorsqu'il attrapa l'arme à feu à l'intérieur que je compris réellement. La proie, ce n'était pas lui. C'était moi.

- J'aurais bien aimé poursuivre cet échange, mais tu comprends, je suis assez pressé.

Il brandit l'arme sur moi, s'approchant. Il brandissait mon arme, à moi. Mon baby browning! Je n'y croyais pas! C'était insultant! Me retrouver en petite tenue devant lui, c'était déjà en soit handicapant mais là, c'était le pompon!

- Je comprends, moi aussi je suis assez pressée, répliquais-je avant de donner un coup de pied circulaire en plein sur sa main tenant mon flingue.

La surprise aidant, il lâcha prise et j'en profitais pour charger sur lui. J'étais certes, un poids plume, mais je restais une hybride. Je l'avais bousculé avec assez de force pour qu'il dégringole de tout son long. Fesses à terre, le visage endommagé par la colère, il semblait déterminé à me faire la peau. Loin de me laisser impressionner, je m'empressais d'aller récupérer mon arme. A peine l'avais-je saisi, qu'une poigne ferme m'attrapa par la cheville et me tira en arrière. Déstabilisée, je perdis l'équilibre et me retrouva étalée sur la moquette. Aïe. C'était vraiment pas sympa, ça. Lâchant un grognement, j'essaya de me redresser mais deux mains puissantes m'empoignèrent les épaules me forçant à me retourner. Je profitais de ce court instant pour lui administrer un coup de poing en pleine face. Bon, forcément, lorsqu'on avait les mains littéralement liés, ce n'était pas évidement. Toutefois, j'entendis un craquement sinistre signifiant que je venais de lui péter le nez. Hurlant de douleur, il se recula et se prit les pieds dans le tapis. De ses deux narines, un liquide chaud et carmin s'échappait. Du sang. La soif s'amplifia et un son animal s'échappa du tréfonds de ma gorge. Je devais résister. Me redressant à vive allure, je récupérais mon arme que j'avais accidentellement laissé tomber lors de ma chute. Une fois entre mes doigts, je revins vers mon agresseur. Ce dernier rampait en direction de la salle de bain. Hum. Sans ménagement, je l'en empêcha en plantant le talon aiguille de mon escarpin en plein dans la chair de son dos.

- Pas un geste, ordonnais-je en retirant le cran de sûreté, arme brandit en direction de son crâne. 

C'était à ce même moment que j'entendis la porte de la chambre s'ouvrir. Oh oh... Pour vu que ce n'était pas un de ses alliés. Pour vu que ce n'était pas la femme de ménage.

J'avais par moment des pulsions meurtrières. Un peu comme tout le monde, je pense. Il m'arrivait de menacer des gens en leur annonçant les dents serrés que j'allais leur tordre le cou. Il m'était également arrivé de saigner un humain pour attirer un vampire. Mais jamais, ô grand jamais, je n'avais tué d'humains. Jamais, Ô grand jamais, je ne comptais tuer d'humain! Alors comprenez bien ma surprise lorsque la femme qui venait de débarquer sans le moindre tracas me demanda de tuer cet homme collé à mon escarpin.  L'asticot sembla s'agiter nerveusement, soudainement effrayé. Je pouvais le comprendre mais j'appuyais d'avantages sur la pression que j'exerçais sur son dos. Qu'il cesse donc de bouger! Mon arme toujours brandit sur lui, je regardais avec une certaine incrédulité la brunette. Bien qu'elle possédait un charme et un charisme indéniable, je ne pouvais guère l'obéir. Qui était-elle? Qui l'avais envoyé ici? Autant de questions. Autant de doute. Je savais que je devais rejoindre une personne de l'ordre ensuite. L'on m'avait vaguement donné son nom et son prénom. Mais je n'étais certaine de rien. Je me retrouvais seule. Seule... Sans Elkan. Lui. Lui il aurait su quoi faire. Lui, il aurait su comment réagir. Devais-je vraiment lui obéir? Dans le cas où elle était bien membre de l'ordre, devais-je exécuter cet homme? Mais peut-être étais-ce un simple bluff. Peut-être que ce n'était qu'une façon comme une autre d'effrayer notre humain? Une façon comme une autre d'obtenir des informations. Car oui, j'espérais bien qu'elle fasse partie de l'ordre du soleil. Et si ça n'était pas le cas... bah... ça me fera deux problèmes sous le coude. Cela tombait bien, j'en avais deux. Vous savez... Deux coudes. Deux problèmes... Oui. C'était nul comme blague. Recentrant mon esprit sur ce qui se passait dans cette chambre d'hôtel, mon visage emprunta un masque de froideur et de neutralité la plus totale. Si je voulais poursuivre, je devais paraître crédible. Si toute cette histoire n'était qu'une mise en scène pour le faire parler, alors je devais tenir mon rôle à la perfection.

- Ce qu'on veux, ce sont des informations. Si je le tue maintenant, il ne nous sera plus d'aucune utilité.
- Je ne sais pas de quoi vous...
- Tais-toi, l'interrompis-je d'un ton autoritaire. Tu parlera que lorsqu'on t'en donnera l'autorisation.

Il ne broncha pas, probablement conscient de ne pas être en position de force. Il était entouré de deux femmes. Cela aurait pu être agréable pour lui, en d'autres circonstances. Sans douceur, je l'attrapais par sa petite touffe de cheveux pour l'obliger à se relever. Il grogna, visiblement pas ravi mais je m'en fichais. Je n'étais pas tendre, mais si je voulais paraître toujours crédible dans le rôle de la méchante, je n'avais pas vraiment le choix. Par contre, je ne savais toujours pas qui était cette femme et diable que ça me perturbait. Cependant, je ne pouvais pas m'occuper de deux problèmes à la fois. Après un court instant de réflexion, une solution assez simple me vint à l'esprit. Avec force mais pas trop, je frappais l'homme au niveau de la tête avec le cross de mon arme. Assommé, il s'écroula. Bien. Occupons-nous de cette belle demoiselle maintenant. Débarrassée de mon premier boulet, je tendis mon arme en direction de la sexy brunette.  

- Qui êtes-vous et surtout, qui vous envoie?

J'étais peut-être parano. J'étais peut-être trop méfiante... Et alors? J'étais toujours en vie. C'était que ça fonctionnait bien comme plan, au final. M'approchant d'elle, sans ciller, je gardais les bras tendus. Je n'avais pas non plus l'air très terrifiante avec mes mains attachés par une ceinture et ma petite lingerie noire. On faisait avec ce qu'on avait... Ou dans mon cas, ce que je n'avais plus : des fringues.